La VAE : principe de réalité, principe de plaisir (2/2)

Par Agnès Busko

L’accompagnement VAE est un processus de formation unique en son genre. Il s’agit d’un dispositif de formation pour adultes mais, d’un point de vue pédagogique, le formateur ne transmet pas de savoir précis. L’accompagnement VAE peut se faire en petit collectif ou en individuel et le positionnement du formateur (surtout dans l’accompagnement individuel) est difficile. Il doit éclairer les candidats sur la façon de rédiger le livret, sur le contenu du référentiel et sur le diplôme concerné en général. A ce propos il faut rappeler que le formateur n’est pas nécessairement un ancien professionnel du diplôme visé par les candidats VAE. En fait il n’y a pas vraiment de profil de formateur pour ce type de formation, qui reste très spécifique. Un autre frein peut se révéler dans ce travail, c’est celui du référentiel (déjà évoqué plus haut). Cet outil de travail peut enfermer le candidat dans des items qui se répètent et qui du coup perdent de leur sens.
En outre, le candidat a souvent du mal à écrire à la première personne, c’est perçu la plupart du temps comme étant prétentieux. C’est pourtant nécessaire et obligatoire pour se mettre en valeur par rapport à son environnement professionnel.

Le plaisir de la démarche

Avec la VAE, le candidat « découvre » un autre univers (souvent celui qu’il désire), celui des savoirs, quelque chose qui le transcende, qui est plus que lui-même. C’est l’étape de la théorisation de l’action, la phase où le candidat élabore son discours pour expliciter de manière lucide et intelligible ce qu’il fait dans une « situation de travail ». C’est à ce stade du livret que le candidat se découvre ou se redécouvre, à travers sa production écrite et sa réflexion sur son activité de salarié ou de bénévole.
La VAE est vue comme une reconnaissance du travail accompli. Le moment le plus important se joue lorsque le candidat s’approprie la logique du livret.
Ce sont des moments, essentiels et déterminants, d’échanges sur le sens même des expressions et des mots (et non des maux), puisqu’il s’agit d’une auto-analyse. Le candidat n’hésite plus ici à employer le « Je » pour expliquer ses actions professionnelles. C’est une réflexion permanente et indispensable pour interpréter et apprécier les situations et mobiliser plus ou moins consciemment les savoirs et savoir-faire acquis dans l’expérience professionnelle.
La VAE permet, et c’est ce qui la rend attrayante, d’obtenir tout ou partie d’un diplôme sur la base d’une expérience. Il existe également des procédures ou des financements pour compléter ce qui n’a pas pu être validé. Certains candidats validés partiellement souhaitent intégrer une formation, cela est certainement dû aux principes même de la VAE : reconnaître l’expérience, c’est se re-connaître.
D’un point de vue empirique l’expérience est une notion complexe. Elle renvoie à l’idée d’enrichissement de la connaissance, du savoir, par la confrontation de l’action.
Mais elle pose toujours le problème de visibilité, de validité et d’incorporation. Il y a bien là une représentation subjective de l’expérience.
Le fait de considérer l’individu comme responsable de son projet laisse entendre qu’il y a une intentionnalité de la personne à vouloir faire une démarche VAE. Cela fait penser à un mouvement (dé-marche), le candidat est en VAE parce qu’il a voulu, parce qu’il a agi pour cela…La plupart d’entre eux revendiqueront le diplôme, un meilleur salaire, une ascension professionnelle et donc sociale. Cela montre à quel point les candidats se trouvent dans des stratégies individuelles de changement.
Or lorsqu’ils se confrontent au travail de réflexion, lorsqu’ils entrent dans le processus d’élaboration du livret II la véritable motivation apparaît. Ils ont un désir de formation qui va au-delà de l’acquisition de connaissances. Je pense que ce désir de formation chez les adultes est présent dans toutes les formations. Il me semble que c’est d’autant plus vrai avec la VAE.
En effet, ils ne vont a priori rien apprendre mais ils en ressortent grandis, quel que soit le résultat. Il s’agit, à mon sens, davantage d’un projet de « de-venir » que d’un simple projet de formation. La recherche plus ou moins consciente d’une image valorisée de soi-même par la reconnaissance des autres.

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La VAE : principe de réalité, principe de plaisir (1/2)

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