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Les sciences sociales en action – juillet 2015

Par Agnès Busko & Jean-Marc Le Hunsec

Sous ce titre nous vous proposerons régulièrement une revue de l’actualité des études et recherches – en cours ou parues récemment – ainsi que des rapports produits par les acteurs des secteurs social et médicosocial. Partielle et donc partiale cette revue est le reflet de l’engagement de SeP pour une sociologie opérationnelle.

Commencer par l’essentiel

En matière d’information et, plus encore, de recherche et de traitement de l’information, la diversité et l’indépendance sont des impératifs. Aussi nous souhaitons inaugurer cette chronique en saluant un travail exemplaire en la matière.
L’observatoire des inégalités, en partenariat avec le mensuel Alternatives économiques, publie un « Rapport sur l’état des inégalités » qui apporte « des réponses factuelles, accessibles au plus grand nombre » en dressant « un état des lieux dans de nombreux domaines : revenus, emploi, éducation, santé, logement, entre les femmes et les hommes, les jeunes et les personnes âgées, les Français et les étrangers, les catégories sociales, etc. ».
Indépendant, l’observatoire a fait appel à un financement participatif (via la plateforme ulule) pour la réalisation de ce rapport et le met en vente sur son site, au prix de 7,50 euros.

Rapport sur les inégalités en France, sommaire détaillé

Rapport

L’urgence d’un logement véritablement social

Le Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées(HCLPD) a publié le 8 juillet son dix-huitième rapport dans lequel, face à la pénurie de logements sociaux et très sociaux, il formule un ensemble de propositions propres à mobiliser 120000 logements à des fins sociales sur 3 ans.
Près de 3 millions de logements sont vacants en métropole alors que le 115, numéro d’urgence pour les personnes sans hébergement, ne parvient à prendre en compte que 25% des demandes qu’il reçoit et que « 1,8 millions de ménages attendent une proposition dans le parc social ». Le HCLPD préconise de rendre « plus attractif pour les propriétaires les dispositifs permettant de générer des loyers en dessous des prix du marché » et de taxer « de manière plus efficace les logements vacants ou loués à des prix anormalement élevés » afin de renforcer les « outils de lutte contre la vacance » (recensement, déclaration de vacance anormalement longue, réquisition).

La mobilisation du parc privé pour créer une offre sociale, HCLPD, 18ème rapport, juin 2015

Etudes & recherches

Une pauvreté centrale

L’Insee a publié en juin, dans Insee Première, une étude sur la pauvreté monétaire en France qui bouscule, une nouvelle fois, la représentation commune de métropoles aisées très distinctes de banlieues pauvres. L’étude souligne en effet qu’en « France métropolitaine, en 2012, le taux de pauvreté (…) est le plus important dans les villes-centres des grandes aires urbaines, où la pauvreté touche particulièrement les familles monoparentales, les familles nombreuses et les ménages jeunes ». A l’appui de ce constat, la part des prestations sociales dans le revenu apparaît beaucoup plus forte pour les personnes les plus pauvres vivant dans les villes-centres (46% du revenu des 10% les plus modestes) comparativement à celles vivant dans les couronnes des métropoles (29% du revenu).

Anne-Thérèse Aerts, Sandra Chirazi, Lucile Cros, Une pauvreté très présente dans les villes-centres des grands pôles urbains, Insee Première N°1552, juin 2015

Une sociologie des turbulences

Manuel Boucher est membre associé au CADIS et directeur scientifique du Laboratoire d’Etudes et de Recherche Sociales (LERS) de l’Institut du Développement Social (IDS) de Haute Normandie. Docteur en sociologie de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, il est titulaire d’une Habilitation à Diriger des Recherches (HDR), soutenue à la Sorbonne Paris IV.

Il est par ailleurs président de l’ACOFIS, Association des chercheurs des organismes de la formation et de l’intervention sociales.

Ses travaux portent notamment sur l’intervention sociale, les quartiers populaires, la déviance, l’ethnicité, les discriminations ethniques, la violence et la régulation sociale.

Son dernier ouvrage, Sociologie des turbulences, est une analyse des inégalités créant des violences et autres désordres. Son étude cible essentiellement l’empowerment (pouvoir d’agir en français). Il s’agit d’un outil de démocratie participative, une notion de plus en plus mobilisée et en particulier depuis les émeutes de 2005. Ce serait un moyen d’impliquer davantage les citoyens dans la cité pour désamorcer les violences. Or, aujourd’hui, l’intervention sociale est sous tension : elle oscille entre le recrutement de professionnels et la mobilisation d’acteurs novices, tels les « grands frères ». Ces « pacificateurs indigènes » incarnent une pratique contemporaine, celle de déléguer l’intervention sociale à des acteurs de proximité ethnicisés, moins onéreux que des professionnels, mais aussi moins formés. Par manque d’autonomie et de formation, ils peuvent insuffler la résignation plus qu’inciter à s’investir dans la vie publique.

Manuel Boucher, Sociologie des turbulences. Penser les désordres des inégalités, préface d’Alain Touraine, L’Harmattan, 2015.

L’orientation tout au long de la vie

Le ministère de la ville de la jeunesse et des sports vient de rendre public le rapport final du programme d’expérimentation « Information Jeunesse – Service public régional de l’orientation ».
« Alors que huit régions (Aquitaine, Auvergne, Bretagne, Centre, Limousin, Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Rhône-Alpes) ont été choisies comme préfiguratrices du SPRO fin 2013 (avant sa généralisation au 1er janvier 2015), l’expérimentation IJ-SPRO a pour ambition d’étudier la contribution du réseau Information Jeunesse au SPRO sur les questions de partenariat et de
qualité du service rendu aux usagers ». Outre le rapport en lui-même, l’étude comporte huit monographies, autant que de régions pilotes, et l’ensemble dresse une évaluation au travers d’une problématique qui interroge à la fois « l’enchevêtrement des dispositifs liés à l’information, l’évolution des stratégies d’information des jeunes et la professionnalisation des métiers de l’orientation ». L’étude a été confiée à l’agence Phare qui a fait appel, en qualité de consultant associé, à Philippe Habib, par ailleurs codirecteur de SeP.

Rapport final et présentation détaillée sont accessibles sur le site du Fonds d’expérimentation pour la jeunesse.